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L'Histoire Chilienne: Des Origines Précolombiennes à la Dictature de Pinochet
Selon la théorie du passage de l’homme par le Détroit de Béring, on situerait l’arrivée des premiers hommes sur le territoire chilien, dernière partie du continent à être peuplée, vers 12500 avant J.C.
D’abord nomades, les différentes tribus se sédentarisent petit à petit.
Les Tiwanakus puis les Incas, venus des territoires actuels de Bolivie et du Pérou, s’accaparent le Chili jusqu’à la région de Maule, au sud de Santiago.
Le peuple Mapuche résiste et empêche l’expansion de l’Empire Inca.
La découverte du Chili par l’Europe se fait en 1520, par Fernand de Magellan. C’est par le détroit du même nom, reliant l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique que le portugais fait son entrée.
En 1535, Diego de Almagro, en quête du fameux « El Dorado », quitte l’actuel Pérou alors sous possession de Francisco Pizarro et regagne le sud. Mais il se heurte lui aussi à la résistance infaillible des Mapuches.
En 1540, Pedro de Valdivia, à la tête d’une seconde expédition, conquiert Copiapo, puis fonde la ville de Santiago le 12 février 1541. La conquête espagnole continue d’avancer toujours plus au sud mais Pedro de Valdivia trouve finalement la mort dans une bataille l’opposant aux Mapuches en 1553.
Ces derniers parviennent à repousser les colons en 1598 et à garder une partie de leurs terres (l’actuelle région de l’Araucania) marquée par la frontière naturelle du fleuve Bío Bío.
La conquête espagnole continue cependant de s’étendre au-delà de « l’enclave » Mapuche.
De multiples périodes de combats et de trêves suivront sans que jamais les espagnols obtiennent des Mapuches une défaite définitive.
Au XVIIIème siècle, après une période économique bien sombre, le Chili se relève peu à peu grâce à son agriculture, devenant le grenier à blé du Pérou.
Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres de là, le navigateur hollandais Jakob Roggeveen rejoint l’île de Pâques, le dimanche de Pâques de l’année 1722, donnant ainsi son nom à l’île.
En 1808, Napoléon continue son hégémonie sur l’Europe en envahissant l’Espagne capturant, par la même occasion le roi Ferdinand VII. Cette onde de choc, provoque des répercussions en Amérique Latine. De la fragilité de la couronne naissent progressivement des aspirations d’indépendance.
Le 18 septembre 1810 (date choisie comme jour de Fête Nationale) une brève mise en place d’une junte gouvernementale se met en place au Chili. Mais il faudra l’aide du libérateur argentin José de San Martin et du chilien Bernardo O’Higgins pour libérer définitivement le Chili du joug espagnol, le 12 février 1818.
Cette période de transition permet au pays de prendre de grandes décisions: l’abolition de l’esclavage, l’écriture des premières constitutions, liberté de la presse, ouverture commerciale…
C’est alors que nait la République du Chili dont O’higgins prend les pouvoirs.
Après la naissance de la République, le Chili connait une longue période de paix et de stabilité économique, contrairement aux autres pays du continent.
Au milieu du XIXe siècle, le Chili s’enrichit petit à petit et continue sa politique d'expansion. Comprenant que le Désert d’Atacama, alors partagée entre le Pérou et la Bolivie, possède de grosses ressources naturelles ; le Chili investit dans l’exploitation du minerai de cuivre et du salpêtre (aussi appelé nitrate de sodium, utilisé pour la fabrication de poudre à canon et des engrais).
Ainsi, le 14 février 1879, soutenu par les Anglais, le Chili, déclare la guerre à la Bolivie qui s’allie au Pérou. C’est le début de la Guerre du Pacifique, un conflit majeur d’hier et d’aujourd’hui, dans l’histoire du pays.
En 1881, le Chili évince la Bolivie et annexe au reste du pays le territoire d’Antofagasta. La Bolivie, qui continue encore à ce jour de contester, perd alors tout accès direct à la mer.
Les troupes armées chiliennes n’en restent pas là et progressent jusqu’à Lima, retirant au Pérou les régions de Tarapaca, Arica et Tacna. Tacna sera par ailleurs rendu au Pérou quelques années plus tard.
Le Chili connait ensuite un essor économique sans précédent qui lui permet encore à ce jour de profiter à sa fortune, notamment grâce à Chuquicamata, la plus grande mine de cuivre au monde.
Parallèlement, en 1881, le Chili annexe à l’intérieur de ses frontières, l’Ile de Pâques.
En 1858, un aventurier français du nom d’Orélie Antoine de Tounens ou Orélie Antoine Ier, débarque au Chili. Sympathisant de la cause Indigène, il entre en contact avec un chef Mapuche et le convainc de fonder un Etat pour le peuple Mapuche. Orélie Antoine 1er est autoproclamé Roi d’Araucanie et de Patagonie. Son royaume, non reconnu, étend ses terres à cheval sur le Chili et l’Argentine. Finalement arrêté par les autorités chiliennes qui exigent son internement. La France demande et obtient son expatriation. Orélie Antoine 1er tentera à plusieurs reprises de reconquérir son royaume, en vain. Il meurt en France en 1878, dans la misère la plus totale.
A son arrivée au pouvoir, le 3 novembre 1970, Allende souhaite instaurer un régime socialiste démocrate. La réforme agraire, la nationalisation des principales entreprises économiques (principalement les mines et le banques) et l’expropriation de grands domaines sont rapidement mises en place et offrent à Allende une grande estime lors de sa première année de gouvernance (baisse du chômage à 3%, augmentation des bas salaires…). De courte durée, sa popularité s’essouffle avec la baisse de la production et l’explosion de l’inflation, le pays se divise peu à peu créant des mouvements de violence. Les états nord-américains incitent les grandes banques et entreprises étrangères à retirer leurs investissements plongeant d’avantage le pays dans la crise sociale et au bord de la guerre civile.
Le 11 septembre 1973, l’armée chilienne, menée par Augusto Pinochet réalise un coup d’état et attaque le Palais de la Moneda où Allende s’est retranché. Il livre son dernier discours avant de trouver la mort dans des circonstances encore discutées:
« Enfermé en un moment historique, je paierai de ma vie la loyauté du peuple. Et je vous dis que j’ai la certitude que la semence que nous avons plantée dans la digne conscience de milliers et milliers de Chiliens ne pourra être flétrie éternellement.
Travailleurs de ma Patrie ! J’ai confiance en le Chili et son destin. D’autres hommes vaincront ce moment gris et amer où la trahison prétend s’imposer. Vous savez toujours que, bien plus tôt qu'attendu, s’ouvriront à nouveau les grands allées par où passe l’homme libre pour construire un monde meilleur. »
Pinochet s’auto proclame « chef suprême de la nation » tandis que la junte militaire détient désormais les pouvoirs constituants et législatifs. Le régime militaire impose une répression sans précédent. Les arrestations, détentions, tortures et assassinats de plusieurs milliers de personne opposés au régime, interpellent les membres de l’ONU, qui en 1973, dénoncent la violation des libertés fondamentales des Droits de l’Homme. Près de 300 000 chiliens s’exilent.
Une politique libérale s’instaure pour tenter de redresser le pays. Pinochet fait appel à de jeunes économistes de l’Université de Chicago, « les Chicago Boys », qui appliquent la doctrine du néo-libéraliste Milton Friedman: des mesures économiques restrictives et draconiennes sont mises en place (réduction des dépenses publiques, augmentation de la TVA, licenciement de fonctionnaires…). Cette théorie plonge d’avantage le pays avant de le faire renaitre de ses cendres, tel que le préconisait Friedman. A partir de 1977, s’en suit alors un boom économique, appelé le « Miracle chilien ».
A la fin des années 80, Pinochet a désormais perdu l’appui de son peuple, de certains de ses pairs et des Etats-Unis.
Le Pape Jean Paul II, en visite au Chili, dans un long entretien avec Pinochet insiste pour un retour à la démocratie. Le 5 octobre 1988 est un référendum est finalement organisé demandant au peuple s’il souhaite la prolongation au pouvoir du Général. 55,99% des voix sont en faveur du « NO ».
Modification de la constitution: des élections présidentielles et parlementaires sont organisées, mais il faudra attendre le 11 mars 1990, pour que la dictature cède les pouvoirs à la démocratie.
En 1990, Patricio Aylwin, président de la Concertación (Alliance de partis issus du referendum du NO), met en place une Commission Nationale Vérité et Réconciliation afin d’enquêter sur les violations des droits de l’homme commises sous le régime de Pinochet. Cette initiative vise à réunifier la nation et joue un rôle de transition vers la démocratie.
Porté par Paul Rettig, la commission doit établir les circonstances, identifier les victimes et proposer des mesures de réparation.
Entre crise et dynamisation économiques passagères, le Chili parvient malgré tout à se maintenir et reste un pays stable et au fort potentiel (cuivre, agriculture). Des accords d’échanges commerciaux sont signés (ALENA avec les pays nord-américains ; avec l’Europe et l’Asie-Pacifique via l’APEC) et de nombreux travaux publics sont mis en œuvre.
Parallèlement, les peuples Indigènes obtiennent enfin une reconnaissance légale, la Corporation Nationale de Développement Indigène (CONADI) est créée.
Depuis les années 2000, le Chili tente de diminuer les profondes inégalités de richesse au sein de la nation. L’accès à l’éducation et à la santé pour tous les citoyens restent deux thèmes récurrents chez tous les partis politiques.
Depuis mars 2014, Michelle Bachelet, (déjà élue de 2006 à 2010 – parti socialiste) est présidente de la République du Chili.
Alors que, le 11 mars 1990, la passation de pouvoir est donnée à la Concertación, le Général Augusto Pinochet reste cependant commandant en chef des Armées puis promu Sénateur à vie à partir de 1998.
En voyage à Londres pour des questions de santé, Pinochet est fait arrêter pour « génocide, tortures, terrorisme international et enlèvements », à la suite d’un mandat international émis par un juge espagnol.
Après de multiples rebondissements légaux, les conditions de santé de Pinochet sont jugées trop mauvaise pour lui permettre de se présenter à un procès, il est alors renvoyé discrètement au Chili.
Entre 2000 et 2006, son immunité en tant que Sénateur et celle en tant qu’ex-Président seront maintes fois levées par la Cour d’Appel de Santiago du Chili. A chaque poursuite judiciaire, « l’état de démence » du Général lui permettra de se dégager de ses procès.
De nombreuses affaires de fraudes fiscales, de détournements de fonds, de possession de lingots d’or, de commanditassions de meurtres suivront.
Entre détention provisoire et assignation à résidence, Pinochet meurt de complications à la suite d’un infarctus du myocarde, à l’âge de 91 ans.